Psychologie du Travail

La psychologie du travail examine l'interaction entre individu et environnement professionnel. Au-delà des questions de performance et productivité, elle interroge l'impact du travail sur santé mentale, construction identitaire et équilibre global. Les recherches de Maslach sur le burnout, Dejours sur la souffrance au travail, et Clot sur la clinique de l'activité révèlent combien le travail peut être source d'épanouissement comme de détresse profonde.

Dans l'intimité de mon cabinet, j'accompagne régulièrement patients en souffrance professionnelle : épuisement émotionnel, perte de sens, harcèlement moral, difficulté poser limites. Ce que mes patients m'enseignent, c'est que le travail ne constitue pas un compartiment isolé mais irrigue toute l'existence - quand il dysfonctionne, c'est l'ensemble de la vie psychique qui vacille. La frontière vie professionnelle/personnelle, aujourd'hui poreuse, amplifie cette intrication.

Les travaux récents (Schaufeli sur engagement au travail, Deci et Ryan sur motivation, Bakker sur job demands-resources) nuancent vision uniquement pathologique : le travail peut aussi nourrir besoins psychologiques fondamentaux - autonomie, compétence, appartenance. L'enjeu clinique réside dans l'accompagnement vers travail "suffisamment bon" : ni sacrifice toxique ni quête perfectionniste de l'emploi idéal, mais relation professionnelle ajustée à valeurs et limites personnelles.

Ma propre expérience - jongler entre consultations, vie familiale intense et projet créatif - m'a enseigné l'importance vitale des boundaries. Mes horaires stricts (13h-19h30), ma pause thé sacrée (17h), mon rituel tisane nocturne (22h30) ne sont pas luxe mais nécessité psychique. Transmettre cette sagesse des limites à mes patients constitue acte clinique et politique : résister à injonction disponibilité permanente, revendiquer droit à déconnexion, préserver espaces non-professionnels.